L’avortement sécuritaire à portée de main : comment la télémédecine transforme la santé reproductive dans les zones rurales de Colombie

Reina, une jeune femme de 24 ans originaire d’Istmina, au cœur du Chocó, en Colombie, a été bouleversée lorsqu’elle a découvert qu’elle était enceinte. Cette nouvelle a été aggravée par le fait qu’elle est en chômage et par la précarité de sa vie quotidienne et sa dépendance économique à l’égard de son père, un fournisseur de soins lui-même au chômage. Dans une région où la pauvreté est une réalité constante, l’accès à un avortement sécuritaire semblait être une option inaccessible.

Le Chocó, depuis longtemps marqué par la violence, la négligence et la pauvreté, connaît de sérieuses lacunes en matière de services de santé, notamment pour ce qui est des droits sexuels et reproductifs. Pour les jeunes femmes, ces obstacles sont encore plus prononcés, les inégalités socio-économiques et de genre limitant considérablement leur autonomie. La lutte de Reina pour faire valoir ses droits reflète les difficultés plus larges auxquelles sont confrontées les femmes dans cette région mal desservie.

La situation de Reina était dramatique : « Mes règles n’étaient pas arrivées et je n’avais pas les moyens de faire un test de grossesse, alors j’ai emprunté de l’argent. Je n’arrivais pas à y croire quand j’ai vu ces deux lignes rouges; j’ai ressenti le pire frisson de ma vie. Sa plus grande crainte était que la grossesse n’annule ses chances de trouver un emploi pour aider son père.

Au milieu de cette adversité, la télémédecine est apparue comme une solution cruciale. Grâce à une publicité sur Facebook, Reina a accédé à un chat où elle pouvait recevoir des conseils et du soutien. Ce canal l’a mise en contact avec du personnel de santé qualifié, ce qui a transformé sa situation.

Innovation en télémédecine : combler les lacunes dans les zones reculées

Photo fournie par la Fundación Oriéntame

Le programme de télémédecine développé par Oriéntame avec le soutien de l’Initiative OPTions a fait tomber les barrières de la distance et a remédié à la pénurie de prestataires de soins de santé à Istmina. Grâce à cette innovation, Reina a pu accéder à un avortement sécuritaire depuis son domicile. Après avoir bénéficié de conseils, elle a reçu le « Kit Alas », qui contient tout ce dont elle avait besoin pour pratiquer un avortement sécuritaire. Cette trousse, conçue pour rejoindre les zones les plus reculées du pays, permet vraiment de mettre l’avortement légal à la portée de toutes les femmes.

« Je suis tellement reconnaissante du soutien que j’ai reçu pour payer mes soins. Chez moi, quand on a de l’argent pour le petit-déjeuner, il n’y en a pas assez pour le déjeuner. Cela m’a redonné vie. Je n’aurais jamais pu m’offrir des soins d’une telle qualité. Dans mon désespoir, j’ai passé l’appel, et tout était réel; ils m’ont apaisée quant à la décision que je prenais pour mon avenir », a précisé Reina.

L’impact du programme de télémédecine va bien au-delà de Reina, bénéficiant à de nombreuses femmes qui se trouvent dans des situations similaires. En fournissant des soins de santé de qualité, il renforce l’autonomie des femmes et soutient leurs droits reproductifs, même dans les régions où ces droits sont fréquemment niés.

Photo fournie par la Fundación Oriéntame

Une nouvelle voie à suivre : l’impact général de la télémédecine

« Ce qui est le plus gratifiant, c’est de savoir que nous rejoignons les femmes qui en ont le plus besoin, même dans les endroits les plus reculés de la Colombie. Notre objectif est simple : faire en sorte qu’aucune femme ne soit laissée sans soins sécuritaires et dignes, peu importe où elle vit », d’expliquer l’une des responsables du programme.

À l’heure actuelle, ce programme novateur est reproduit dans d’autres régions rurales et vulnérables de la Colombie, dans le but d’en élargir la portée et de faire en sorte qu’un plus grand nombre de femmes puissent en bénéficier. Avec le soutien continu de parrains et d’alliés, le programme bâtit un réseau solide qui change le paysage de la santé sexuelle et reproductive dans le pays.

Pour Reina, l’avenir semble maintenant meilleur. Libérée des soucis d’une grossesse non désirée, elle peut se concentrer sur la construction d’une vie meilleure pour elle-même et sa famille. « J’ai reçu d’excellents soins. Ici, là où j’habite, tout est de mauvaise qualité, et il est difficile d’obtenir un rendez-vous. Ce service était facile d’accès; je n’ai pas eu à quitter ma maison. Aujourd’hui, j’ai l’impression que je peux décider de ma vie et de mon corps. Je veux que toutes les femmes sachent qu’elles ont droit à cette liberté, et qu’elles ne sont pas seules », dit-elle avec espoir.

Malgré des défis tels que la connectivité et la fracture numérique, la télémédecine est devenue une alternative pour des centaines de femmes qui, pour diverses raisons, ne peuvent pas accéder aux services de santé.

Lorsqu’on demande aux membres du personnel d’Oriéntame pourquoi ils travaillent sur cette initiative, ils se souviennent toujours des paroles de Cristina Villarreal, ancienne directrice d’Oriéntame : « Comment pourrions-nous ne pas le faire? » La passion de l’équipe d’Oriéntame est de faire en sorte que toutes les femmes et personnes qui peuvent tomber enceintes aient l’autonomie sur leur corps et leur vie. C’est pourquoi Oriéntame invite tous et chacun à appuyer cette cause, car la solidarité dans la lutte contre les avortements à risque ne sera jamais superflue.

 

Cette histoire est partagée par la Fundación Oriéntame.

Les noms des personnes dans l’histoire ont été modifiés pour protéger leur vie privée.